Vue sur l’école élémentaire, dont le préau se glisse sous le bâtiment pour signaler l’entrée  et ouvrir  la cour sur  la promenade.

À Lingolsheim, dans la périphérie de Strasbourg, le site de 13 hectares des anciennes usines des Tanneries de France accueille aujourd’hui l’écoquartier des Tanneries. Ce nouveau morceau de ville, à vocation essentiellement résidentielle, comprendra à terme 1 200 logements et accueillera, à l’horizon 2020, environ 3 000 habitants. Il est également pourvu d’un pôle d’équipements publics réunissant un groupe scolaire de 18 classes (maternelle et élémentaire), dont 2 classes d’accueil pour des enfants handicapés, un institut médico-éducatif (IME), un gymnase et une résidence seniors de 55 logements. Au-delà de la réponse apportée aux besoins des habitants, cet ensemble d’équipements publics constitue le cœur du quartier des Tanneries.

Le groupe scolaire et le gymnase s’inscrivent dans un bâtiment dont l’enveloppe dessine un écrin fédérateur et qualifie l’espace  public de  la promenade.
Le groupe scolaire et le gymnase s’inscrivent dans un bâtiment dont l’enveloppe dessine un écrin fédérateur et qualifie l’espace public de la promenade.

Créer un cœur de quartier

Les agences d’architecture Richter et Aubry Lieutier, associées pour la circonstance, ont remporté la consultation lancée par la ville pour la réalisation de cet ensemble d’équipements publics. Afin de répondre à la volonté affirmée de créer le cœur du quartier, sur un site situé en frange, le long des voies ferrées, les architectes ont développé un travail sur les vides, leur définition et leur hiérarchisation. Leur plan masse s’articule autour d’un square public, bordé sur un côté par la résidence seniors et une nouvelle rue transversale. Traitée en promenade plantée, elle est longée par les autres équipements. Le vide majeur du square relie l’ensemble au mail central du quartier.

Les architectes associés pour la conception du plan d’ensemble se sont ensuite réparti les différents programmes. L’agence Richter
a ainsi choisi de réaliser le groupe scolaire Simone Veil et le gymnase Colette Besson, leurs confrères Aubry Lieutier prenant en charge l’IME et la résidence seniors. 

Le groupe scolaire et le gymnase s’inscrivent dans un édifice unique qui se développe le long de la promenade. L’IME est quant à lui inclus dans ce bâtiment, entre le groupe scolaire et le gymnase. Le terrain, en forme de trapèze très étiré, mesure 250 m de long pour une largeur moyenne de 50 m. 

Une ambiance douce et lumineuse règne dans  la grande salle de sport.
Une ambiance douce et lumineuse règne dans la grande salle de sport.

Sur son grand côté est, il est bordé par des voies de chemin fer, sources de nuisances sonores et d’ondes magnétiques.

« Le premier rôle du projet global est de produire de l’espace urbain et de l’espace public, que les différents programmes accompagnent et mettent en valeur. Le gymnase, l’IME et le groupe scolaire s’alignent le long de la nouvelle rue, dont la partie située en face des deux écoles peut être fermée et ainsi totalement sécurisée pour les enfants. Une enseigne en façade signale l’entrée de chaque équipement. Dans tout notre projet, nous avons développé un dispositif de retraits, de creux et de vides, comme les cours de récréation ou les patios plantés. Nous avons aussi aménagé à travers le bâtiment tout un jeu de transparences longitudinales et transversales. Chaque équipement est clairement identifiable tout en tissant des liens visuels avec son voisin, le quartier et la voie ferrée. Dans chaque programme, qu’il s’agisse des deux écoles ou du gymnase, il en va de même. Nous faisons un travail sur la profondeur allant de la rue aux voies ferrées. Nous donnons à habiter et à vivre l’épaisseur par la transparence. Par exemple, une salle de classe s’ouvre sur une cour ou un patio, au travers duquel le regard se porte sur un autre espace, voire plus loin sur un autre vide ou vers l’extérieur. Sur la rue, cela permet aux passants d’avoir des vues sur la vie de la cour de l’école élémentaire ou de la grande salle du gymnase. Un patio planté accompagne chaque entrée et la met en scène pour en faire une vraie adresse », précisent Pascale et Jan Richter.

Les architectes ont conçu un véritable bâtiment paysage, qui donne à voir et à être vu. Le bâti affiche sur la rue une alternance de pleins, de creux, de vides, de retraits, de transparences, qui rythment le volume global. Cela permet d’exprimer l’identité de chaque entité dans une enveloppe unificatrice, faite de panneaux en béton préfabriqué de type murs à coffrage et isolation intégrés, recouverts d’une lasure gris/vert. Cette enveloppe dessine un écrin fédérateur et ordonné, qualifiant l’espace public. 

Vue sur  le gymnase qui s’ouvre par  une longue baie vitrée  sur le square  et le quartier.
Vue sur le gymnase qui s’ouvre par une longue baie vitrée sur le square et le quartier.

Le gymnase

Le gymnase Colette Besson prend place à l’extrémité sud de l’édifice, face au square public. Il comprend une grande salle de sport équipée de gradins pouvant accueillir une centaine de personnes, une salle polyvalente, une salle de réunion, un foyer/buvette, des vestiaires. Dès le hall d’entrée, les effets de transparence ménagés par les architectes sont perceptibles et donnent à voir ou à percevoir les principaux lieux de l’équipement. De face, le regard porte vers les voies ferrées, au-delà du hall qui traverse toute l’épaisseur du bâtiment. Sur la droite, une généreuse paroi vitrée ouvre le hall sur la salle de sport. 

De l’autre côté, mis en relation entre eux et avec le hall par leurs baies vitrées, le foyer et la salle polyvalente se développent de part et d’autre d’un patio planté commun. Tout un jeu d’axes de transparence transversaux et latéraux est ainsi composé. Chaque espace s’étire au-delà de ses propres limites. De même, les déplacements des usagers sont ponctués par les arrivées de lumière naturelle et l’enchaînement des vues. Le béton brut, les lignes de bois clair ou foncé des faux plafonds ou des revêtements muraux composent un environnement intérieur neutre qui donne une l’ambiance claire, douce et lumineuse aux lieux. Dans la salle de sport, une longue baie vitrée en partie basse de la façade ouvre l’espace sur le square et le quartier. La lumière naturelle pénètre par les deux bords longitudinaux de la couverture de la salle, qui semble flotter avec légèreté au-dessus du plateau sportif.

Un patio planté accompagne chaque entrée et la met  en scène pour en faire une vraie adresse.
Un patio planté accompagne chaque entrée et la met en scène pour en faire une vraie adresse.

Le groupe scolaire

Le groupe scolaire Simone Veil se développe sur toute la partie nord du site. Il comprend une maternelle de 6 classes et une école élémentaire de 12 classes. « Dans l’eurométropole, à l’école élémentaire, les enfants rentrent directement dans la cour et, de là, ils rejoignent leur classe. À la maternelle, chaque parent rentre avec son enfant dans le hall et l’accompagne jusque dans sa classe. Nous avons conservé ces deux modes de fonctionnement dans le projet. Le groupe scolaire dessine une figure en U encadrant le vide de la cour. Le volume du périscolaire vient séparer la cour de la maternelle de celle de l’école élémentaire. Le préau de cette dernière glisse sous le bâtiment pour chercher l’entrée et la promenade urbaine. Les salles de classe de la maternelle sont toutes dans le volume à rez-de-chaussée qui ferme la figure au nord. Celles de l’école élémentaire sont toutes au premier étage dans la partie sur rue », soulignent les architectes.

Les vues et les transparences donnent à voir les principaux lieux du gymnase.
Les vues et les transparences donnent à voir les principaux lieux du gymnase.

Dans les espaces intérieurs, qu’il s’agisse des salles ou des circulations, on retrouve le béton brut, le bois clair en faux plafond et en revêtement mural. Un soin particulier apporté aux détails et aux usages, l’élégance des lignes composent une ambiance apaisante et rassurante. Dans toutes les salles, la qualité de la lumière naturelle participe au confort des enfants et leur offre des conditions sereines d’apprentissage. Des stores screen extérieurs permettent, si nécessaire, de se protéger du rayonnement solaire direct, pour éviter éblouissement ou réchauffement.

Dans le hall d’entrée de l’école maternelle, une fenêtre intérieure, à l’étage, crée un lien visuel avec l’école élémentaire.
Dans le hall d’entrée de l’école maternelle, une fenêtre intérieure, à l’étage, crée un lien visuel avec l’école élémentaire.

Les circulations sont ponctuées d’arrivées de lumière naturelle et de vues sur la vie intérieure comme sur le monde extérieur, qui agrémentent les déplacements des enfants. Les éléments de structure du projet sont réalisés en béton coulé en place. Les panneaux en béton préfabriqué mis en œuvre, de type murs à coffrage et isolation intégrés, participent à la très bonne étanchéité à l’air de l’enveloppe du bâtiment, qui est conforme à la RT 2012.

Les cours de récréation (ici, celle de l’école élémentaire) sont protégées des nuisances de voies ferrées par un mur écran.
Les cours de récréation (ici, celle de l’école élémentaire) sont protégées des nuisances de voies ferrées par un mur écran.

Principaux intervenants 

Reportage photos : Luc Boegly

Maître d’ouvrage : ville de Lingolsheim – Maître d’œuvre : Richter architectes et associés ; Aubry Lieutier architectes (architectes associés en phase concours) – BET structures : SIB études – Entreprise gros œuvre : Dicker – Préfabricant : Spurgin – Surface totale : 5 600 m2 SDP ; groupe scolaire : 3 400 m² SDP ; gymnase : 2 200 m² SDP – Coût : 10,8 M€ HT – Programme : groupe scolaire (écoles maternelle 6 classes et élémentaire 12 classes) et gymnase.



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