Dans le prolongement de la place de la porte d’Aix, la cour d’accueil regroupe autour d’elle, au rez-de-chaussée, l’espace d’exposition « le Forum », la cafétéria et les amphithéâtres.

Situé dans le centre-ville de Marseille, à quelques hectomètres de la gare Saint-Charles, l’Institut méditerranéen de la ville et des territoires (IMVT) se dresse face à la porte d’Aix et son célèbre Arc de triomphe. Le nouvel équipement rassemble trois établissements d’enseignement supérieur – l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille (ENSA•M), l’École nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille (ENSP-VM) et l’Institut d’urbanisme et d’aménagement régional (IUAR) d’Aix-Marseille Université (AMU). La pluridisciplinarité est au cœur de ce pôle d’enseignement et de recherche. Pour l’année universitaire 2023/2024, 1 300 étudiants, 350 enseignants et chercheurs, 60 personnes des services administratifs ont fait leur première rentrée dans le nouvel édifice, conçu par les agences d’architecture NP2F (mandataire), Marion Bernard, Point Supreme, Odile Seyler & Jacques Lucan.

La cour d’expérimentation en partie protégée par une serre possède un accès direct sur la rue Nédélec.

Un bâtiment campus

« L’IMVT est une entité fédératrice et non la simple addition de trois écoles existantes », expliquent les architectes. « Il a vocation à développer physiquement des relations, des échanges, des collaborations entre les trois établissements et leur contexte proche comme élargi. Son architecture est donc volontairement ouverte sur la ville. Chaque lieu qui compose ce mini-campus est visible. 

Les ateliers et les salles de cours peuvent s’ouvrir à l’extérieur sur un ensemble de coursives, de passerelles, de loggias ou de terrasses offrant aux étudiants une grande diversité de lieux de travail, de rencontre, de discussion et de détente.

Plutôt que de loger chacune des trois disciplines et domaines d’étude – architecture, urbanisme, paysage – dans trois bâtiments distincts, l’Institut regroupe leurs fonctions communes et donc transversales. Il est constitué de trois entités. Le pôle des ateliers est un bâtiment en longueur dont les portiques structurels permettent une multitude de configurations en fonction des besoins. Il est situé au nord de la parcelle et protège le reste de l’Institut du mistral marseillais. Le pôle commun abrite les trois lieux majeurs de l’Institut : le forum (espace d’exposition et évènementiel), les bureaux administratifs et la bibliothèque. Ce bâtiment est le plus épais du projet. Il intègre les plus grandes portées afin de libérer au maximum les plateaux de points porteurs et de créer des espaces de (re)présentation (notamment pour le forum et la bibliothèque) les plus généreux possible. Enfin, le pôle des expériences et de la recherche est accompagné d’une cour qui peut recevoir des installations artistiques ou techniques. »

Une galerie couverte crée un espace de transition entre la cour d’accueil et la cafétéria.

Pureté des lignes

L’architecture épurée de l’IMVT affiche sa présence institutionnelle face à la porte d’Aix. Elle décline une composition régulière de lignes verticales et horizontales matérialisée par les poteaux ronds ou carrés et les dalles en béton gris de la structure. Cette trame structurelle régulière, exprimée en façades, est rythmée par les nez de dalle dépassant systématiquement de 20 cm par rapport aux poteaux, ainsi que par différents éléments en béton blanc comme les linteaux, les allèges, les trumeaux placés en retrait de 70 cm et les panneaux inclinés de protection solaire de la bibliothèque. Sur la place de la porte d’Aix, entre le pôle commun et celui des ateliers, la structure fabrique un portique signifiant l’entrée de l’Institut.

Tous les prolongements extérieurs constituent comme une superposition de sols qui irriguent l’édifice et facilitent les relations transversales entre les corps de bâtiment et les différents niveaux.

Les trois bâtiments de l’Institut sont organisés autour de trois espaces extérieurs : la cour d’accueil, la cour d’expérimentation et la pinède. Ces lieux de vie collective s’échelonnent de façon continue dans la pente du terrain, qui présente 10 m de dénivelé entre la place Jules-Guesde, en partie basse, et la rue Joseph-Biaggi, en limite haute de la parcelle. La cour d’accueil vient en prolongement de la place et du hall d’entrée au rez-de-chaussée. À cet étage, dans des espaces de 6 m de hauteur se trouvent les éléments les plus collectifs du programme : les amphithéâtres au pied du bâtiment recherche, la cafétéria sous les ateliers et, côté pôle commun, l’espace d’exposition, le « forum ». Au R+2, la cour d’expérimentation se développe transversalement jusqu’à la rue Nédélec sur laquelle elle possède un accès direct. Grâce à leur façade escamotable, la halle d’expérimentation et l’atelier maquette peuvent s’ouvrir totalement et se prolonger sur cette cour, dont une partie est protégée par une serre permettant d’abriter des intempéries les prototypes ou les expérimentations. Enfin, la pinède, qui s’étend jusqu’à la rue Joseph-Biaggi, offre un havre de végétation méditerranéenne. En complément de ces trois espaces extérieurs, tout un ensemble de coursives, de passerelles, de loggias, de terrasses parcourent et ponctuent l’ensemble de l’Institut. Les ateliers et les salles de cours peuvent ainsi s’ouvrir et se prolonger sur l’extérieur, proposant aux étudiants une grande diversité de lieux de travail, de rencontre, de discussion, de détente. Tous ces dispositifs extérieurs constituent comme une superposition de sols. Ils irriguent l’édifice, facilitent les relations transversales entre les corps de bâtiment et les différents niveaux.

Le bâtiment des ateliers est réglé par la trame de ses portiques de 13 m de portée, répartis régulièrement tous les 8,25 m (entre-axe). L’espace entre deux portiques définit l’unité standard de 100 m2 d’un atelier. La partition des différents niveaux de plateaux pour aménager les salles de cours et les ateliers (de 100 m2 ou plus) est réalisée avec des cloisons sèches en bois, facilement démontables. Le niveau R+4 est conçu comme le « bel étage » de l’Institut, d’une hauteur de 6 m sous plafond, dont le sol met de plain-pied les grands ateliers, le plateau technique de recherche et la bibliothèque. Les panneaux inclinés en béton blanc, qui protègent son enveloppe vitrée du soleil, signalent sa présence dans le pôle commun. 

Vue de la coursive périphérique de la bibliothèque.

Pérennité et inertie thermique du béton

L’ensemble de la structure par points porteurs de l’édifice est construit en béton gris. Les poteaux sont cylindriques dans le pôle commun, carrés dans celui de la recherche et rectangulaires pour les portiques des ateliers. Les planchers sont soit coulés en place, soit réalisés avec des dalles alvéolées précontraintes, comme dans les ateliers. Les linteaux, allèges, trumeaux, qui n’ont pas de rôle structurel, sont en béton blanc. Ils ont une épaisseur de 12 cm et présentent un parement texturé de type coffrage à la planche. Les panneaux inclinés de protection solaire de la bibliothèque sont également en béton blanc et préfabriqués sur le chantier. Le béton, du fait de sa durabilité et de sa stabilité dans le temps, permet de construire un bâtiment pérenne, durable, ne nécessitant pas de charges d’entretien trop importantes. Pendant les périodes chaudes, l’inertie thermique du béton permet de conserver la fraîcheur engrangée pendant la nuit par la ventilation naturelle des locaux et de la restituer dans la journée. Les espaces extérieurs, coursives, loggias et les nombreux débords de dalles protègent les parois vitrées les plus exposées du rayonnement solaire direct. À l’inverse, en hiver, lorsque le soleil est bas sur l’horizon, l’Institut est chauffé pour partie naturellement. Tous les planchers sont chauffants rafraîchissants. L’IMVT est raccordé à la centrale de géothermie marine Thassalia. Les simulations thermo-dynamiques effectuées, avec une projection à 30 ans, confirment que le niveau de confort de l’Institut restera meilleur que l’objectif du programme, soit moins de 180 heures par an au-delà de 28 °C.

Les panneaux inclinés en béton blanc, qui protègent du soleil l’enveloppe vitrée de la bibliothèque, signalent sa présence dans le pôle commun.

Localiser la réalisation

 Reportage photos : © Maxime Delvaux, © Lisa Ricciotti, © Geoffroy Mathieu

  • Maître d’ouvrage : ministère de la Culture, direction générale des patrimoines et de l’architecture
  • Maître d’ouvrage délégué : Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture, Oppic 
  • Maîtres d’œuvre : NP2F Architectes (mandataire) / Marion Bernard / Point Supreme / Odile Seyler & Jacques Lucan
  • Paysagiste : Atelier Roberta
  • BET (structure) : DVVD
  • Entreprise (gros-œuvre – enveloppe) : Fayat Bâtiment agence CARI Méd 
  • Préfabricant dalles alvéolaires : KP1
  • Surface : 12 800 m2 SU
  • Coût : 52 M€ dont 27 M€ HT pour le chantier
  • Programme : édifice d’une capacité de 1 860 personnes dont 1 452 étudiants regroupant l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille (ENSA•M), l’École nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille (ENSP-VM) et l’Institut d’urbanisme et d’aménagement régional d’Aix-Marseille Université (IUAR).



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