À l’image d’un cloître réinventé, les hauts portiques de béton du rez-de-chaussée protègent les circulations extérieures qui innervent l’ensemble du lycée.

Entre Alpilles et Durance, Châteaurenard est une de ces villes du sud de la France entourée de vergers. Le territoire est agricole, marqué par la présence de haies bocagères qui constituent de grandes lignes directrices dans le paysage. La ville, de taille moyenne, ne possédait pas de lycée jusque-là, ce qui obligeait les élèves à se rendre à Avignon. L’attractivité croissante de ce territoire ayant produit, ces dernières années, une augmentation notable de la population, la Région Sud a par conséquent lancé une consultation pour la construction d’un lycée d’une capacité de 900 élèves.

Les circulations du lycée sont couvertes mais ouvertes, les cadrages offerts par ces espaces sur le grand paysage participent à l’ambiance apaisée du lycée.

Lycée à la campagne

L’histoire du projet est issue de la lecture du site d’origine, de ses contraintes, de son identité. 

Pour l’architecte, Rémy Marciano, l’architecture est avant tout issue du territoire. Avec son associé pour l’occasion, l’architecte José Morallès ils expliquent : « Lorsque nous avons visité le site, son intégration dans un territoire agricole et son inscription dans la continuité des lanières paysagères alentour nous ont sauté aux yeux. C’est cette subtile alchimie que nous avons souhaité traduire dans le projet. Inscrire un artefact bâti dans un territoire et dessiner cet artefact par ce territoire naturel. » Ici, le paysage offrant une haie bocagère de cyprès, grande ligne rectiligne dans le paysage, tout le projet a été composé à partir de ce témoin du passé agricole du site. La taille du site a également été déterminante, il est vite apparu aux architectes la possibilité de créer une réserve foncière avec un projet de forme compacte. Ainsi, le nouvel équipement se « concentre » au nord-est de la parcelle, avec un établissement qui se développe en R+1 et qui s’organise en deux corps de bâtiment reliés entre eux par un espace extérieur aménagé, à l’image d’une vaste cour intérieure. La cour à proprement parler se développe quant à elle en limite sud, bien abritée du mistral et bordée par la haie de cyprès conservée.

Le fonctionnement qui découle de ce bâtiment compact est particulièrement efficace. Au rez-de-chaussée est rassemblé l’ensemble des locaux communs avec la présence des adultes qui s’égrènent dans le plan pour créer les conditions d’une cohabitation apaisée avec les lycéens. 

Le hall s’organise entre les deux ailes du bâtiment et est largement ouvert sur l’espace de la cour intérieure. Depuis ce hall, l’ensemble des locaux est facilement accessible. Avec au nord, l’administration, la salle des professeurs puis les locaux réservés aux agents et à la cuisine. Cette aile est bordée par le parking du personnel et l’aire de livraison, ce qui renforce la fonctionnalité de l’ensemble. 

Dans l’aile sud, s’implante au rez-de-chaussée la salle polyvalente, qui bénéficie d’une entrée indépendante pour être accessible en dehors du temps scolaire, viennent ensuite la vie scolaire et la salle d’étude, le préau puis la restauration. Les salles de classe sont rassemblées à l’étage. Le lien entre les deux ailes est extérieur, ainsi, dans ce lycée de Provence, les circulations sont couvertes mais ouvertes pour profiter le temps de l’intercours d’un cadrage sur le beau territoire environnant.

Les espaces de préau sont marqués par un travail de tasseautage bois qui assure la gestion du bon confort acoustique et confère un aspect chaleureux à l’ensemble.

Urbanité

Compte tenu du site, encore très marqué par la présence d’une agriculture très active, le duo d’architectes ne souhaitait pas tomber dans l’écueil du « lycée de campagne ».

Comme évoqué, les concepteurs se sont attachés à la haie de cyprès pour imaginer les principes d’une implantation et d’une organisation pour le lycée. Ils poursuivent : « La haie, avec ces arbres qui protègent du vent, plantés à distance régulière, en-gendre également un rythme évocateur. Nous regardions ces hauts résineux comme autant de colonnes. Ils nous ont suggéré la silhouette d’élégants portiques. » De ce paysage, les architectes ont fait émerger l’ancrage urbain et architectural du projet. Le reste est né de leur volonté de donner les « codes de la vie urbaine » aux lycéens grâce aux dispositifs spatiaux mis en œuvre dans le projet.

À l’opposé du hall, des emmarchements toute largeur constituent un amphithéâtre en plein air, comme une agora.

Petite cité

Si les colonnades parlent d’urbanité, les espaces imaginés sont plus éloquents encore. À l’image d’un cloître réinventé, les hauts portiques de béton du rez-de-chaussée protègent les circulations extérieures qui innervent l’ensemble du lycée. À l’étage en revanche, les piliers de béton constituent autant de meneaux. Ils protègent les baies de l’ensoleillement direct tout en créant un filtre qui permet de réfléchir et d’adoucir la lumière à l’intérieur des salles de classe. 

L’utilisation de ces grands portiques puis leur articulation au travers des dispositifs particuliers ont créé les bases d’un nouveau langage que les architectes ont élaboré pour enseigner la lecture de l’espace public aux élèves. 

Les portiques constituent à l’entrée un porche, comme une antichambre avant de pénétrer dans le hall.

Le hall est marqué par de véritables « colonnes-arbres » aux formes plus libres et plus sensuelles que celles des portiques. Elles évoquent les formes organiques des troncs.

Depuis le hall, les piliers se poursuivent et ceinturent l’espace de la cour intérieure. À l’opposé du hall, des emmarchements toute largeur constituent un amphithéâtre en plein air, comme une agora. Toutes ces séquences urbaines accompagnent les élèves dans leur cheminement vers la citoyenneté. Les usagers sont mis dans plusieurs situations urbaines qui reprennent les archétypes de nos villes méditerranéennes. 
C’est un lycée qui finalement renoue avec l’Antiquité et le lycée d’Aristote, où l’on ne pouvait apprendre qu’en marchant et en échangeant. 

À l’extérieur, le minimalisme confère au projet sa dimension sculpturale et plastique et offre aux lycéens un cadre propice à l’apprentissage et à leur épanouissement.

Bioclimatique

Le bâtiment limite les effets de moyens. Le béton est omniprésent et trace dans le paysage des jeux d’ombres et de lumière que les grandes colonnades accueillent, soulignant le rythme soutenu de leur implantation. Le dessin des ombres change en fonction de l’heure de la journée ou de la saison, ancrant encore plus profondément le bâtiment dans son territoire. 

Le matériau béton a également permis d’assurer un bon confort d’été. 

La protection des vitrages, tout comme la forte inertie intérieure ont évité d’avoir recours à la climatisation et permis à l’établissement d’atteindre le label bâtiment durable méditerranéen.

Matérialité

L’écriture architecturale se décline d’abord par cette monomatière du béton. À l’extérieur, il vient raconter son rapport au sol et aux collines environnantes… 

Les grands portiques extérieurs, comme des piles au rythme soutenu et dynamique, rassemblent les points porteurs longitudinalement pour offrir une parfaite flexibilité dans l’aménagement intérieur et l’adaptabilité future de l’établissement. 

Ces poteaux ont été préfabriqués sur chantier pour raccourcir les délais. Le reste de la structure a été réalisé en béton coulé en place. C’est un travail fractal, car la succession de piles filtre la lumière et la diffuse à l’intérieur de l’établissement. Le hall est marqué par de véritables « colonnes-arbres » aux formes plus libres et plus sensuelles, elles évoquent les formes organiques des troncs. 

Les espaces remarquables du CDI et de la restauration, tout comme les préaux, sont marqués par un travail de tasseautage bois qui assure la gestion du bon confort acoustique. Ce minimalisme à l’intérieur comme à l’extérieur confère au projet sa dimension sculpturale et plastique et offre aux lycéens un cadre propice à l’apprentissage et à leur épanouissement. 

À l’intérieur, les salles de classe sont baignées de lumière.

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Fiche technique

Reportage photos : Florence Vesval

  • Maître d’ouvrage : Area Région, Région Sud 
  • Maîtres d’œuvre : Rémy Marciano et José Morallès
  • BET structure : Secmo
  • Entreprise gros œuvre : Demathieu & Bard 
  • Surface : 7 500 m2 SU 
  • Coût : 20 M€ HT

Programme : construction d’un lycée filière générale et technologique pour 900 élèves, demi-pension, 6 logements de fonction, gymnase.



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