Résumé

Cette initiative vient compléter avec bonheur le propos de l’exposition dont le sous-titre « Architectures du béton armé» exprime à la fois la diversité de l’œuvre des frères Perret et le champ d’expérimentation que leur ont offert, pendant cinq décennies, le nouveau matériau et sa technique en constant progrès.

Les liens qui unissent les frères Perret à la revue La Construction moderne sont puissants. Dès leurs études à l’École des Beaux-Arts de Paris, la revue publie régulièrement leurs projets primés, accompagnés de commentaires concis concernant leur composition et leur caractère.

Les articles qu’elle consacre ensuite aux premières réalisations soulignent l’inventivité des jeunes constructeurs et le parti qu’ils savent tirer du conglomérat des techniques traditionnelles et industrielles disponibles : ossature acier, façades en brique et en pierre, menuiseries métalliques, balcons en «poutres » de Comblanchien pour l’immeuble commercial de la rue du Faubourg-Poissonnière (1897), charpentes de bois ultraperformantes, plancher en béton de très grande portée, colonnes monolithes en granit pour le Casino de Saint-Malo (1899), stéréotomie savante, décoration sculptée épousant la volumétrie en façade, garde-corps en gros fil d’acier industriel pour l’immeuble de l’avenue de Wagram (1902)... La pratique de projet des frères Perret apparaît d’emblée comme un système d’optimisation des ressources puissamment inscrit dans le concret de l’édification. C’est cet angle d’analyse qui inspirera les textes que publiera la revue et qui jalonneront leur trajectoire sur une période de cinquante ans.

Les articles réimprimés ici, ou plutôt les dossiers (pour reprendre le terme employé en 1913 par l’ingénieur Pierre Couturaud dans sa livraison sur le théâtre des Champs-Élysées) s’inscrivent dans cette problématique raisonnée. Ils définissent en filigrane un idéal de publication professionnelle : compétence des auteurs, prise de recul par rapport à l’actualité, information technique fiable exposée avec clarté, illustration constituée de dessins essentiels à la compréhension des projets et de grandes photographies permettant de saisir, d’un coup, la spatialité des édifices. Les plans, les coupes et les élévations issus de l’agence Perret sont publiés tels quels, mais selon des formats généreux qui en facilitent la lecture. Les photographies Chevojon, dont les cadrages et la lumière expriment le contenu objectif de cette architecture structurelle, trouvent dans la maquette de la revue un support exceptionnel pour délivrer en pleine page le message de classicisme et d’intemporalité des frères Perret. L’exposition du palais d’Iéna s’adresse à un large public. Nous voulons aider les visiteurs à s’approprier, à travers huit chefs-d’œuvre, une architecture réputée difficile, mais incroyablement humaine.

Les professionnels y trouveront aussi matière à réflexion, notamment grâce aux nombreux documents originaux qui éclairent les puissants dispositifs d’invention mis en œuvre par les frères Perret. La réédition de ces textes d’époque issus de La Construction moderne contribuera à immerger le lecteur dans l’une des démarches de conception les plus élevées qu’ait produites la discipline architecturale.

Sommaire 

  1. Éditorial par Joseph Abram, commissaire de l'exposition «Auguste Perret, huit chefs-d’oeuvre !/? »
  2. Sommaire commenté par Simon Texier, historien de l’architecture : Perret et La Construction moderne
  3. Le théâtre des Champs-Élysées. Fac similé de l'article paru dans La Construction moderne. Année 1913
  4. L’église Notre-Dame du Raincy. Fac similé de l'article paru La Construction moderne. Année 1924
  5. Le Mobilier national. Fac similé de l'article paru La Construction moderne. Année 1936
  6. Le musée des Travaux publics. Fac similé de l'article paru La Construction moderne. Année 1939
  7. Bibliographie. Encyclopédie Perret/ Les frères Perret, l'oeuvre complète/ Auguste Perret : Anthologie des écrits, conférences et entretiens
  8. Exposition. Auguste Perret, huit chefs-d’oeuvre !/? – Architectures du béton armé


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