Au rez-de-chaussée de la partie contemporaine, se caractérise une bande vitrée continue de 33 m de long, qui ouvre généreusement l’espace jeunesse sur le parc.
Au rez-de-chaussée de la partie contemporaine, se caractérise une bande vitrée continue de 33 m de long, qui ouvre généreusement l’espace jeunesse sur le parc.

Située à quelques kilomètres à l’est de Salon-de-Provence, la ville de Pélissanne est une ancienne cité fortifiée, dont le centre conserve la mémoire avec son plan circulaire, ainsi que l’essentiel du patrimoine architectural du noyau médiéval. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, la construction du canal de Craponne permet d’acheminer toute l’année l’eau de la Durance et apporte ainsi la prospérité à la ville en favorisant l’essor de l’agriculture par l’irrigation, ainsi que l’installation de nouveaux moulins en plus de ceux déjà existants sur la Touloubre. De nombreux hôtels particuliers, encore visibles aujourd’hui, sont alors construits et la ville devient plus résidentielle. Édifiée en 1642 en bordure d’un parc de 4 000 m2 au cœur de la ville, la maison Maureau en est un bel exemple. La mairie fait l’acquisition de cette demeure de 700 m2 avec le projet d’y installer sa nouvelle médiathèque, tandis que le parc sera aménagé en jardin public. Pour accueillir ce nouvel équipement culturel, il fallait rénover entièrement le bâtiment existant et créer une extension contemporaine.

La présence du platane conservé est amplifiée par la courbe du corps de l’extension.
La présence du platane conservé est amplifiée par la courbe du corps de l’extension.

Rénovation et extension

« La nouvelle médiathèque Pierre Bottero s’inscrit dans un contexte aux multiples richesses patrimoniales et paysagères, explique l’architecte Dominique Coulon. Notre projet est à la fois fonctionnel et singulier dans son expression plastique. Nous avons fait en sorte que l’extension proposée respecte l’intégrité du parc et ne vienne pas en conflit avec la demeure existante par laquelle on entre dans la médiathèque. La partie contemporaine se développe donc au sud-est de la villa, le long de ce qui constituait le mur nord du parc. L’extension est un bâtiment à R+1 assez fin, qui s’étire vers la rue Eugène Pelletan. Au niveau de son articulation avec la villa, le volume s’incurve. La courbe qu’il dessine est déterminée par l’imposant platane conservé. Le rez-de-chaussée de la partie contemporaine se caractérise par la présence d’une baie vitrée continue de 33 m de long, qui s’ouvre généreusement sur le parc. À l’étage, la façade est totalement aveugle côté parc et la vue depuis l’espace intérieur est entièrement cadrée sur la cime du platane. »

Vue depuis le palier du premier étage.
Vue depuis le palier du premier étage.

Fluidité et diversité spatiale

La marquise de la villa, conservée et rénovée, signale l’entrée et affiche l’identité de la médiathèque sur le parc. Elle est baptisée Pierre Bottero en hommage à cet écrivain renommé de la littérature jeunesse qui, arrivé petit enfant à Pélissanne, y vécut jusqu’à son décès accidentel. 

Collection et espace de lecture enfants au rez-de-chaussée de l’extension.
Collection et espace de lecture enfants au rez-de-chaussée de l’extension.

Au rez-de-chaussée, la salle de l’action culturelle, l’espace actualité et un atelier sont aménagés dans le bâtiment existant. L’accueil et son comptoir font le lien avec l’extension où se trouvent l’heure du conte, l’espace enfance et le pôle multimédia. Ces deux lieux bénéficient de la vue panoramique sur le parc offerte aux enfants par la longue baie vitrée ininterrompue sur 33 m. Le paysage végétal du parc devient ainsi partie prenante de l’espace intérieur et en qualifie l’ambiance, comme l’arrondi du mur de livres qui épouse l’extrados de la paroi courbe. Les collections adultes, adolescents, bandes dessinées, images et sons sont regroupées à l’étage de l’extension. La composition des opacités et des transparences est à ce niveau totalement inversée. Les vues, masquées sur le parc, sont orientées vers la cime du platane. À travers le vitrage courbe, l’usager de la médiathèque peut laisser son regard vagabonder dans les ramifications ou le feuillage de l’arbre.

Dans son projet, l’architecte s’est attaché à organiser et à composer l’enchaînement des espaces de façon continue, tout en proposant une grande variété spatiale. Ainsi, le visiteur passe facilement de la maison existante à la partie neuve. L’identité et l’ambiance de chaque partie, de chaque lieu, de chaque espace ponctuent la fluidité des parcours possibles comme autant de promenades architecturales à travers l’édifice. L’esprit originel de la maison Maureau est conservé le plus possible. La structure en enfilade des pièces est gardée et l’intégrité des salles nobles préservée. L’extension déploie sur ses deux niveaux de grands espaces de consultation flexibles.

L’espace de lecture adultes et adolescents (R+1) s’ouvre sur la cime du platane.
L’espace de lecture adultes et adolescents (R+1) s’ouvre sur la cime du platane.

Texture et structure

Le béton mis en œuvre pour les façades de l’extension a fait l’objet de recherches et de mises au point spécifiques associant l’architecte, le bureau d’études et l’entreprise de gros œuvre. L’objectif étant que sa couleur et sa texture se rapprochent de la pierre de Rognes, très utilisée pour construire les hôtels particuliers et autres demeures de Pélissanne. Cette pierre calcaire de couleur ocre jaune et rugueuse d’aspect présente des incrustations de fossiles de mollusques et de coquillages marins dans sa texture. Des sables et des granulats issus de carrières de la région entrent dans la composition du béton pour lui donner une teinte proche de la pierre de Rognes. Son parement est obtenu avec un fond de coffrage en polystyrène de 10 cm d’épaisseur, sur lequel est pulvérisé un solvant de façon ponctuelle. Au décoffrage, la surface du béton présente un jeu contrasté entre parties rugueuses et plus lisses qui retrouve la matérialité des bâtiments en pierre de la ville. 

La partie supérieure de la façade sud de l’extension se perçoit comme un grand mur aveugle de béton posé sur la bande vitrée de 33 m de longueur, en l’absence de tout point porteur intermédiaire. Pour assurer ce franchissement, la paroi supérieure est conçue et calculée comme une poutre-voile de 35 cm d’épaisseur et très ferraillée. Elle a été coulée en 7 passes et en continu pendant 20 heures.

Fluidité spatiale et diversité des ambiances. Dans le prolongement des collections adultes et adolescents (R+1), l’espace des bandes dessinées assure le lien avec la villa.
Fluidité spatiale et diversité des ambiances. Dans le prolongement des collections adultes et adolescents (R+1), l’espace des bandes dessinées assure le lien avec la villa.

Fiche technique

Maîtrise d’ouvrage : commune de Pélissanne
Maîtrise d’œuvre : Dominique Coulon & associés
BET structure : Batiserf Ingénierie
Entreprise gros œuvre : COSEPI France
Surface : 982 m² surface de plancher
Coût : 3 336 000 € HT

Programme : accueil, action culturelle, espace actualité, atelier, espace enfance, heure du conte, espace multimédia, documentaires, bandes dessinées, fictions ados adultes, images et sons, bureaux, bureau direction.

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