TT végétalisée - vue aérienne (c) Chuttersnap

Quels sont les types d’aménagement qui se développent en toitures-terrasses ? 

J’en vois deux principaux. Premièrement, je crois qu’actuellement, les toitures-terrasses sont collectivement perçues comme des lieux où des usages conviviaux peuvent se développer et devenir ainsi des espaces aménagés et à vivre. Dans une entreprise, cela peut être un lieu de réception pour la direction ou un espace de pause pour le personnel. Un aménagement de cette nature combine design d’espace et végétalisation. Pour des opérations de logements ou des équipements, on peut imaginer des aménagements combinant végétalisation et aires d’activités diverses. De plus, dans nos milieux urbains denses, nous voyons de moins en moins le ciel. Une toiture-terrasse aménagée tire son intérêt du rapport au ciel et à la lumière qu’elle offre. Ces aspects reviennent en force dans les projets d’aménagement. 

Deuxièmement, il existe depuis quelques années en France un véritable mouvement de développement de la toiture végétalisée extensive. L’objectif ici n’est pas d’utiliser le toit pour un usage, mais de l’occuper par de la végétalisation. Dans un premier temps, la tendance un peu uniforme a été au développement de ce que j’appelle le tapis vert avec des végétalisations à base de sedums. Actuellement, la tendance consiste à travailler sur des solutions différenciées de végétalisation qui, en fonction du lieu, de l’usage et des objectifs recherchés, associent la végétalisation, les usages, la biodiversité. 

Quel rôle peuvent jouer les toitures-terrasses en matière de biodiversité ? 

On peut y faire des installations ou des cultures qui servent de support à la biodiversité, c’est-à-dire au développement du vivant sous de multiples formes. Par exemple, dans un aménagement de toiture végétalisée, on laisse une partie du substrat minéral utilisé à nu. Les anfractuosités laissées libres constituent un support de nature formidable. Des insectes vont s’y développer. Ils vont attirer des oiseaux qui s’en nourrissent et viendront ainsi nicher sur la toiture. D’autres solutions consistent à installer des ruches, des hôtels à insectes, … Le support « accueil du vivant » n’est pas incompatible avec d’autres usages comme des animations, des visites ou des ateliers pédagogiques

Un potager partagé à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris. 

Celui-ci a été réalisé par Les Jardins de Gally. Pouvez-vous nous en parler ? Ce genre de proposition doit répondre à un contexte et à une demande. Pour que cela fonctionne dans la durée, il faut qu’il existe un noyau de personnes motivées et prêtes à s’impliquer dans le projet. Il peut s’agir de bénévoles, mais cela peut aussi se faire par le truchement d’une association de quartier ou par le réseau main verte par exemple. Il peut aussi s’agir d’un médiateur rémunéré, qui vient animer et créer un effet d’entraînement. 

Nous avons en effet réalisé un potager collectif sur la terrasse du pavillon d’about de la Cité de l’architecture et du patrimoine. Cet aménagement a été demandé par le personnel de la Cité. Il maximise la surface cultivable sur un espace limité, il favorise l’accueil de la faune sauvage utile et participe à l’image de marque des lieux, ouverts aux partenaires de la Cité. Sa conception concilie usages partagés, image et biodiversité. Une fois réalisé, le projet repose sur un partage de connaissances entre le jardinier professionnel et les collaborateurs de la Cité. Au-delà de l’entretien du potager, nous intervenons aussi comme animateur. Trois à cinq fois par an, le jardinier chargé de l’entretien anime des ateliers à l’attention du personnel. Aujourd’hui, s’appuyer sur ce type de projet pour créer du lien, proposer que le jardinier parle aux salariés d’une entreprise est considéré comme un facteur positif. 

Peut-on envisager d’utiliser des matériaux recyclés comme substrats ? 

La pouzzolane, principalement utilisée comme substrat, n’est pas inépuisable. De ce fait, il faut aller vers une diversification des gisements de substrats. Aujourd’hui, un fournisseur de terreaux et de supports de cultures propose des solutions avec des substrats obtenus à partir de béton cellulaire recyclé. D’autres pistes de réflexion envisagent d’utiliser des gravats issus de démolitions.



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