Le pont de Chazelet (Indre) est une passerelle d’une longueur de 13,80 m et d’une largeur de 4,25 m, construite en 1875, à la demande du chatelain de Chazelet, afin de franchir les douves du château. Joseph Monier, entrepreneur, est retenu pour concevoir et réaliser ce pont en ciment armé, un nouveau matériau pour l’époque. C’est lors des Journées du Patrimoine 2022 que cet ouvrage a été mis en avant comme exemple et symbole, rappelant, outre la prouesse de l’époque, la modernité de l’ouvrage lui-même, et la nécessité de pouvoir diagnostiquer l’état des ouvrages d’art à travers la France.
Création de l’Association de sauvegarde du pont de Chazelet
Christian Tridon, ancien président du STRRES (Syndicat national des entrepreneurs spécialistes de travaux de réparation et de renforcement des structures.) et passionné des ouvrages d’art, annonce la création de l’Association de sauvegarde du pont de Chazelet.
Objectif, restaurer ce pont âgé de 147 ans et inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques : poutres en BFUP en sous-face du tablier, restauration des « rocailles » (ces garde-corps en ciment armé, travaillées pour donner un aspect bois, en vogue à l’époque), … .
" Pourquoi ne pas faire de la restauration de cet ouvrage patrimonial un exemple, en utilisant des techniques actuelles qui permettent de conserver son cachet ? "
Chazelet : des rencontres de l’innovation ?
Il évoque ensuite son ambition de faire de Chazelet LE lieu de rencontre annuelle de l’innovation dans la construction : « Cet ouvrage est un symbole de l’innovation française du XIXème siècle dans le domaine de la construction : la découverte du ciment artificiel par Louis Vicat, la barque en ciment armé de Joseph Louis Lambot, …et bien évidemment Joseph Monier qui a l’idée d’utiliser les « carcasses en acier » de l’époque pour concilier les performances de chacun des matériaux, en sont les parfaits exemples. Cet esprit d’entreprendre est un marqueur des ingénieurs de l’époque. »
Ouvrages structurels en béton armé : une excellence française
Patrick Guiraud, ancien directeur Travaux Publics de CIMbéton, revient sur l’invention du ciment, et les apports de ces grands ingénieurs qui ont établi les fondements de la réalisation d’ouvrages structurels en béton armé, ainsi que sur leurs successeurs tels François Hennebique, Eugène Freyssinet, …. « Aujourd’hui encore, grâce à cette génération de précurseurs, la France dispose d’entreprises de construction dont le savoir-faire et l’innovation rayonnent dans le monde. Nous avons le devoir de rappeler cette excellence française, en particulier auprès des jeunes, pour qu’ils rejoignent nos métiers et s’inscrivent dans les pas de leurs aînés. »
Importance du diagnostic de l’état des ouvrages d’art
En présence de Nadine Bellurot, sénatrice de l’Indre, les débats se sont poursuivis sur l’importance du diagnostic de l’état des ouvrages d’art (un ouvrage tous les 5 km en France), la sauvegarde de cet ouvrage de patrimoine en particulier, et d’accompagner l’organisation de cette rencontre de l’innovation dans ce lieu. Et de rappeler que le Musée des Ponts et Chaussées se trouve également dans le département, à Guilly (36150).
Remerciements chaleureux des intervenants à François Houssin et son épouse, propriétaires des lieux, passionnés et du lieu et de son histoire (deux des ouvrages d’Alexandre Dumas s’y déroulent !), pour leur accueil.